Interview de Liza Bergara, gardienne d’un savoir-faire ancestral
Liza Bergara perpétue la tradition familiale en fabriquant des makilas, ces bâtons de marche basques, dans son ateliers labéllisé EPV (Entreprise du Patrimoine Vivant) situé à Larressore.
Nous l’avons interrogé pour vous !
À quoi sert un makila et quelles en sont les origines ?
Un makila* est un bâton de marche traditionnel qu’utilisaient nos ancêtres et qui est devenu peu à peu un objet honorifique.
Pour nous, la première fonction du makila est encore très importante, c’est pourquoi nous continuons de fabriquer ces bâtons en fonction du poids et de la taille de l’acheteur, même s’il ne compte pas s’en servir pour marcher. Toujours dans le but de conserver ce savoir-faire ancestral, la pointe présente au bout du makila, qui servait à mettre en fuite de potentiels ennemis à l’époque, fait toujours partie de la fabrication actuelle.
C’est un objet qui a aussi une dimension patrimoniale et qui a du sens au-delà de sa qualité pratique puisqu’il est transmis de génération en génération au sein des familles.
*makila – , makhila, makilla ou maquila, plusieurs orthographes existent.
Quelles sont les étapes de fabrication du makila ?
Pour la fabrication, on va travailler trois matériaux différents : le bois de néflier, le métal à savoir le laiton, le maillechort ou l’argent, et le cuir de chevreau.
Toute la fabrication est réalisée ici dans l’atelier.
Nous allons par exemple mettre en forme les plaques de métal, les braiser puis les décorer, découper et tresser les peaux que nous recevons d’Espelette. Le bois, quant à lui, provient de nos propres pépinières de néflier germanica, un petit arbuste qui met une dizaine d’années à atteindre le diamètre nécessaire pour faire un makila.
Pour quelle occasion achète-t-on ou offre-t-on un makila ?
La chance que nous avons dans notre métier c’est que nous n’avons pas de profil type d’acheteur. Par conséquent, certaines personnes peuvent vouloir acheter un makila pour se faire plaisir, pour faire Saint-Jacques de Compostelle, pour l’offrir à leurs petits-enfants qui viennent de naître, pour un mariage, pour un départ à la retraite, pour une personnalité connue…




En parlant de personnalité, vous avez eu l’occasion d’en fabriquer pour plusieurs ?
Notre atelier a eu l’honneur de réaliser des makilas pour des personnalités aussi diverses que les présidents français, des chefs d’État étrangers, des acteurs célèbres ou encore des lauréats du prix Nobel. Parmi elles, on compte : Jean Dujardin, Hélene Darozze, Denis Mukwege (lauréat du prix Nobel de la Paix 2018), le roi d’Angleterre, ou encore pour les 60 ans de Sean Penn.
Ces commandes témoignent du caractère exceptionnel de notre savoir-faire artisanal. Mais au-delà du prestige de ces personnalités, c’est l’histoire personnelle qui se cache derrière chaque commande qui nous passionne. Chaque makila est un objet unique, chargé d’une signification particulière pour son propriétaire.
Combien de personnes travaillent dans votre atelier et combien de makilas produisez-vous sur une année ?
Notre atelier est à taille humaine, avec une équipe de neuf artisans passionnés.
Ce format nous permet de garantir une qualité de fabrication exceptionnelle et de préserver un savoir-faire ancestral. Nous produisons environ 1000 makilas par an, chacun étant réalisé à la main avec le plus grand soin.
En tant qu’entreprise du patrimoine vivant, nous sommes fiers de partager notre passion avec le public et nous encourageons les visiteurs à venir découvrir notre atelier.

Au bout du makila on trouve encore aujourd’hui une pointe, pourquoi est-elle là ?
La pointe du makila, un vestige de son passé, rappelle une époque où la sécurité n’était pas garantie sur les chemins de montagne.
Autrefois, cet outil servait à se défendre contre d’éventuels agresseurs. Aujourd’hui, bien que son usage premier ait disparu, la pointe est conservée par tradition et parce qu’elle fait partie intégrante de l’identité du makila.
Tant que la législation le permet, nous continuerons à la fabriquer, conscients que son absence modifierait profondément l’esthétique et la conception de cet objet emblématique.

Atelier du Makhila![]()
Les visites de l’atelier sont libres et gratuites. Ouverture du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 14h à 18h, ainsi que le samedi matin de 9h à 12h.
Adresse : 75 Plazako Bidea 64480 Larressore – Téléphone : 05 59 93 03 05 – Site web : https://makhila.com/

